GO TO HELL !

you are so irrelevant to me ; ▬ Le regard fixement rivé droit devant elle, c'est d'un pas assuré et calculé que Pinkberry se dirigeait vers le lac. Il était encore assez tôt, à vrai dire, il n'était que 15h, mais elle avait définitivement besoin d'une pause. Depuis quelques temps, chaque moindre élève, chaque professeur, même chaque mur de l'école semblait férocement déterminé à lui rendre la vie dure : ils mettaient ses nerfs à rude épreuve. Alors, le lac était ce qu'elle avait trouvé de mieux pour s'apaiser un minimum entre deux heures de cours. D'ailleurs, les cours, parlons-en. Elle avait beau être une de ces acharnées qui enchaînaient les réussites, elle n'était aujourd'hui pas d'humeur à être l'élève parfaite que l'on avait pour habitude de voir en elle, oh non, loin de là, en ce jour, le meilleur conseil qui aurait pu être donné aux élèves de Poudlard était de prendre de bonnes distances avec elles et de la laisser traverser sa crise de nerfs, seule. De toute façon, ce n'était pas comme s'ils pouvaient l'aider à encaisser tout ce qui se passait autour d'elle, ce n'était pas comme s'ils étaient en capacité de la calmer : elle allait devoir gérer ça toute seule.

Pink n'était pas ce que l'on pouvait appeler une fille très "sociable", non pas qu'elle n'apprécie pas la compagnie des autres, -en fait, il fallait bien avouer qu'il y avait une part de ça tout de même, elle n'appréciait pas toujours l'humour pataud de ses camarades- mais elle aimait sa propre compagnie, elle appréciait de se retrouver seule parfois et d'ainsi pouvoir ré-apprendre à se connaitre elle-même. D'ailleurs, nous connaissons tous le proverbe, "mieux vaut être seul que mal accompagné", disons qu'elle suivait ce dicton à la lettre. Pourtant bien des élèves recherchaient sa compagnie, elle n'était pas ridicule, avait un physique tout à fait admirable et était parfaitement capable d'humour ou de bonne humeur, mais elle considérait que l'accès à cette partie de sa personnalité devait se mériter et en était alors particulièrement inaccessible pour ceux qui l'entouraient.

Peu importe, elle avança donc un peu plus vers le lac, lequel elle ne tarda pas à apercevoir, avant d'en arriver juste au bord. Elle fit donc quelques pas sur la petite passerelle en bois qui le surplombait, puis elle s'y laissa tomber, assise en tailleur. Voilà qu'elle était assise juste au bord du lac, face à l'eau, éloignée de toute population, donc enfin seule et surtout, surtout, au calme. Le regard rivé sur l'eau plus ou moins claire du lac, elle se laissa envahir par de nombreuses pensées et aux réflexions qui d'ailleurs, n'étaient pas toujours très profondes, mais elle s'en fichait, ici, elle était bien, et personne ne viendrait lui prendre la tête dans un petit coin si retiré de l'école. Doucement, elle en vint même jusqu'à s'étirer, passant les douces paumes de ses mains contre son propre visage comme pour en chasser les fatigues qu'elle avait enduré en début de journée.

Spoiler:

« Alors. Tu suis ou tu couches ? » Un sourire ravageur pointa sur mes lèvres tandis que je redressais mon regard sur la minette aux joues empourprées me faisant face. Celle-ci gloussa un instant avant de plonger son nez derrière ses cartes, fantasmant sur les paroles suaves que j'avais lancé à son encontre et qui calquaient à un mot près les fameux dires que l'on bombarde lors des parties de poker. Son amie Poufsouffle pesta de la voir si déstabilisée, quoique jalousant sans doute les propos libidineux que j'avais lancés à sa comparse. Aussi la blairelle me gratifia d'un regard glacé, vexée de n'être pas elle aussi au centre de mon attention charmeuse elle s'ébroua par des raclements de gorge intempestifs et quelques coups de coudes lancés dans les côtés de sa camarade Serdaigle. Le renard charmeur que j'étais remarqua le manège, et loin de vouloir s'échapper de mes griffes cette donzelle au physique ingrat, je décidai de la séduire afin de la déstabiliser elle aussi : « Deux minutes princesse, ce n'est pas encore ton tour. La rapidité n'est pas toujours une qualité. » La Poufsouffle frissonna, peu habituée à recevoir des mots doux il lui suffisait d'une seule douceur glissée dans la phrase pour qu'elle trépigne de jubilation elle aussi. Mon regard d'ambre semi planqué derrière mon jeu de cartes, sournois renard au sourire fourbe mais charmeur, bifurqua vers la Serdaigle en l'attente de son jeu. J'allais les plumer ; plus que quelques minutes, et je remportais une jolie poignée de gallions... Et malgré l'éclat ténébreux de mon regard et le charme de mon sourire, je suintais la vicissitude par tous les pores de ma peau. En cela, je les déstabilisais tout autant, ce qui faisait marcher mon commerce illégal : regard de braise, sourire charmeur, mots enivrants, parfum capiteux. Quoi de mieux que l'opium de la séduction pour endormir leur méfiance.

La Serdaigle gloussa de nouveau, frissonnant sous l'oeillade pénétrante que je lui infligeais, et commença à poser ses cartes sur la table, prête à faire tapis quand soudain.... « Monsieur Moriarty ! » Tous trois sursautâmes sous la voix criarde et outragée de la bibliothécaire. Trop absorbé par le jeu et ses tentations pécuniaires, j'avais oublié la présence de la gorgone tout comme je n'avais pas fait attention à cette minuscule brèche entre la montagne de livres autour de nous, destinée à nous cacher des regards indiscrets. Posant avec hâte mes cartes sur la table de la bibliothèque, je redressais mon regard brun sur l'intruse et lui accordai mon plus magnifique sourire... lequel essuya sa mine impassible et polaire. « Je savais que vous vous prêtiez à des jeux d'argent, j'attendais seulement de vous prendre la main dans le... » « Je ne comprends pas. » soufflais-je non sans arquer les sourcils, visage confus et voix cassée par la surprise. Cette réaction impromptue troubla la bibliothécaire qui se contentant d'entrouvrir les lèvres non sans demeurer muette. « On révisait le cours d'Etude des moldus. » Posant alors mon index sur la page d'un livre grand ouvert, je pointai le titre explicite de ce bouquin soporifique. « Chapitre II ; Pourquoi les moldus sont-ils dépendants aux jeux d'argent : quand le destin empiète sur le hasard. C'était à titre d'expérience, pour mieux approfondir notre devoir. » L'intruse resta pantoise, interloquée par mon assurance et ma puissante rhétorique, elle jeta un oeil aux demoiselles qui se contentèrent d'acquiescer silencieusement, avant de se soumettre à une rixe intérieure : fallait-il me croire ou non ? Après tout le Gryffondor qu'elle avait sous les yeux n'était, semble-t-il, pas connu pour son niveau scolaire extraordinaire alors était-il seulement capable d'inventer aussi spontanément une histoire qui tenait debout, mais qui en plus était cohérente avec le programme de septième année ? Confuse, elle bredouilla quelques mots. « Pardon ? » soufflais-je d'une voix qui prêtait au respect un peu agacé, tout en tendant l'oreille. « Je... Sortez. » siffla-t-elle pour toute réponse avant de tourner les talons. Incapable de régler le problème, elle s'en était remise à la solution de facilité. Ce fut donc non sans un sourire mesquin que je rangeais mes cartes sous les yeux amusés des demoiselles, leur promettant que ce n'était que partie remise.

Après cette incartade qui me fit pester intérieurement (après tout j'avais été sur le point de gagner une bonne poignée de gallions avant d'être interrompu), je décidai d'aller prendre l'air afin de retrouver une certaine sérénité. La splendeur un peu glauque et froide du lac noir m'apparaissait comme une bonne idée.... jusqu'à ce que je ne tombe sur la blondasse de mes cauchemars. Cette dernière assise sur le ponton ne m'avait pas entendu arriver, aussi ce fut l'éclat de ma voix plate qui la sortit de sa léthargie. Car il me fallait la faire déguerpir afin d'avoir pour moi tout mon espace vital sans que mon air ne soit pollué par la vipère. « Hey toi. » Pinkberry Cavanaugh, bien sûr que je connaissais son prénom puisque nous suivions les mêmes options. Cela ne m'empêchait pas de la dénuer de toute identité, par pur instinct de mépris. « Y a Skye qui te cherche dans les cachots. » Du moment qu'elle déguerpissait, le reste m'importait peu. Même si pour cela je ferais crapahuter Cavanaugh dans tout le château pour un mensonge aiguisé.

« Dégage. » Un sifflement moqueur s'échappa de mes lèvres tandis que la pauvre diablesse se débattait avec une répartie qu'elle n'avait pas. En l'occurrence le lac glacé me faisait dores et déjà de l'oeil puisqu'il semblait appeler toute ma cruauté mesquine et la stimuler dans une envie noire d'y noyer la blonde. Cette Cavanaugh était passablement insupportable, plate et creuse comme tout bon Serpentard se 'respectant', je la trouvais aussi intéressante qu'un troll endormi. Oh certes mes opinions sur sa personne étaient faussées par mon inimitié à son encontre car cela faisait déjà longtemps que nous ne pouvions nous supporter : la pauvre petite fille n'ayant pas approuvé une partie de cartes (une tentative d'escroquerie minime et gentillette, vraiment je vous l'assure. N'y voyez là aucun mensonge...), elle était monté crescendo dans les insultes, lesquelles lui furent rendues au centuple. Et dans cette joute verbale mémorable, nous en avions conclu une chose : de ne plus nous supporter à partir de maintenant. C'était donc chose faite, aussi mille et une manières de faire vivre un enfer à la blonde avaient germé dans mon esprit depuis lors, jeu mesquin auquel Pinkberry s'employait à jouer elle aussi. En d'autres termes ; l'un était un venin virulent à l'autre. « Bien sûr, et tu me le dis parce que tu es le mec le plus adorable du monde, que tu es raide dingue de moi, et que tu as cette fâcheuse manie de toujours rendre service aux gens. J'avais oublié ! » « Toujours. » Cette fois ce fut un sourire en coin, narquois et charmeur qui se dessina sur mes lèvres sanguines. Diable non, je ne voulais pas la séduire elle : j'avançais seulement mes propos d'une voix suave et chaude, sentant bon le sable chaud et les promesses affriolantes, comme convaincu de ma propre réponse... Et ce pour mieux l'agacer. Hormis le fait que son aparté qui se voulait cinglante sur le fait que j'étais potentiellement intéressé à elle (ironie de sa part bien sûr, je l'avais deviné. Mais même sans cela, qui donc pouvait avoir des vues sur une vipère blonde aux longues jambes et au corps sveltes... Enfin, question d'affinités), j'aimais approuver ses dires condescendants selon lesquels j'étais altruiste. « La preuve, je viens te tenir compagnie. Pauvre petite chose. » Mon sourire enjôleur se mua en rictus mesquin, satisfait de toucher l'évidence même : Pinkberry était une personne solitaire, et que ce soit volontaire ou non de sa part, les Gryffondors la raillaient à ce sujet et y voyaient là une incapacité à se faire des amis. Entre nous, ce n'était pas franchement étonnant. Vraiment, j'avais grand coeur.

Déçu toutefois de voir que la jeune fille ne daignait toujours pas partir, je n'en démordais pas cependant et décidais de rester dans les parages, têtu et incapable de faire des concessions. Cependant, le silence suivant nos pics acérés fut de courte durée car Pinkberry vint renchérir à nouveau, daignant enfin tourner la tête – quoique je m'accommodais bien mieux de ne pas voir son visage. « M'enfin, j'apprécie tout de même que tu sois venu jusqu'ici pour me le dire, brave bête. » Un sourire mesquin arraché à mes lèvres, loin d'être touché par son ton cinglant puisqu'à présent nous en avions l'habitude. Je feintais un rire volontairement haché et qui ne portait pas du tout l'amusement en son sein : il n'était que mépris et pitié. « Ce serait presque amusant si ça ne venait pas de la part d'une truie qui se prend pour une vipère. » Sérieusement et entre nous, celui qui de nous deux était plus habitué au bestiaire, c'était bien elle. Bref, joyeusetés et chaleur humaine en perspective : la tension était électrique et le voltage à son comble, si bien que cette envie qui me titillait depuis le début m'investit tout entier. Les deux mains plaquées sur ses épaules, je la poussai soudain avec une dextérité rare, si bien que la demoiselle ne put faire autrement qu'être interloquée par la surprise et la vivacité de mon méfait : elle tomba à l'eau... mais m'entraîna avec elle dans sa chute, se raccrochant à ce qu'elle avait trouvé de mieux. SPLASH.

« On peut plus se passer de moi, Cavanaugh ? » grinçais-je d'un timbre mauvais, une fois la tête sortie de l'eau glacée, le regard assassin et la colère investissant mes membres engourdis par le froid. Je sentais déjà mes lèvres se violacer, ma chemise coller désagréablement à ma peau, mais aussi et surtout j'avais cette envie d'appuyer sur cette tête blonde pour mieux la noyer. L'amour vache en action.