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another day has gone,
I'M STILL ALL ALONE.

Tu te glissas aussi discrètement que possible hors de l'immense château, marchant à pas de loups afin de ne pas être entendu par le concierge qui semblait ne jamais avoir besoin de dormir. Tes mains tremblaient comme si tu étais atteint d'Alzheimer et tes genoux semblaient être sur le point de jouer des castagnettes. Tu te forças à respirer profondément afin d'essayer de te détendre un tant soit peu. Ce fût un échec, bien entendu. Tout les muscles de ton corps étaient crispés, ton souffle s'était fait saccadé et tes yeux, vigilants, ne cessaient de jeter des regards à droite, à gauche et derrière. Et si tu te faisais prendre ? Et si un professeur te passait un savon, et que tu te transformais dans son bureau ? Un frisson remonta le long de ton échine. Tu pressas un peu le pas, dévalant la pente du parc. Tu n'osais pas lever les yeux vers le ciel noir où la pleine lune trônait en maîtresse indomptable. A la pensée de ce qui allait t'arriver ce soir, tu sentis une peur incontrôlable déferler en toi. Tu allais devenir ce monstre sanguinaire que tu exécrais tant, tu allais laisser parler le côté le plus sombre de ton âme, celui où l'humanité n'avait plus aucun sens. Heureusement pour toi, cependant, il y avait un endroit, à Poudlard, qui pouvait presque te garantir que tu ne blesserais aucun élèves : la Forêt Interdite, immensité sombre et effrayante dans laquelle tu n'avais posé les pieds qu'accompagné par un professeur. Mais cette fois, tu serais seul. C'était également ça, ton lot de loup-garou. Une solitude que tu avais apprise à apprécier mais qui te détruisait de l'intérieur. En effet, à cause de ta condition nouvelle, tu t'interdisais tout rapprochement avec quelqu'un, ayant trop peur de ce qui pourrait arriver si la personne apprenait ta véritable nature, ou si tu lui faisais du mal. Alors, tu t'étais mis en tête de créer une barrière entre toi et les autres apprentis sorciers de Poudlard. C'était mieux ainsi. Enfin, tu tentais encore de t'en persuader. Tu t'arrêtas quelques instants devant l'orée de la Forêt. Tu n'étais pas le plus courageux des hommes et tu devais avouer que, te transformer dans cette endroit mystérieux et inconnu ne te laissait pas indifférent. Tu serras les poings. Tu ne devais pas, tu ne pouvais pas, faire marche arrière. Tu fermas les yeux à peine l'espace d'une seconde, faisant refluer les larmes qui menaçaient de déborder. Une crampe dans le bas de ton dos te ramena à la réalité. Ca commençait. Dans plusieurs dizaines de minutes, tu serais méconnaissable. Ta peau à la couleur de craie deviendrait un pelage brun; tes ongles, des griffes. Tu ne serais alors plus qu'une bête, réduit à ta seule part animale. Tu t'avanças sur le seul chemin qui serpentait à travers la Forêt sans regarder au préalable derrière toi. Peut-être que si tu l'avais fait, tu aurais vu ton professeur de soin aux créatures magiques s'avancer derrière toi. Mais tu ne le fis pas, fonçant tête baissée, comme bien souvent. Les douleurs dans ton corps se faisaient plus régulières et elles augmentaient en immensité. Tu savais que bientôt, le moment que tu redoutais tant allait arriver. Bientôt, tu allais te rouler à terre, abattu par la sensation de tes muscles qui se déchiraient, de tes os qui se brisaient, de tes ongles qui poussaient. Un nouveau frisson. « Allez Brett, fis-tu de façon à peine audible. » Tu devais encore avancer. Mettre le plus de distance possible entre toi et les autres êtres vivants. Tu retins de justesse un hurlement en te mordant la langue. Un goût âcre et de fer envahit alors ta bouche. Du sang. Cette fois, une larme roula sur ta joue, terminant sa course à la commissure d'une de tes lèvres. Tu n'avais qu'une envie : que quelqu'un soit là, avec toi, qu'il te frotte le dos en te murmurant que tout allait bien se passer. Tu aurais voulu un peu de compagnie, quelqu'un capable de comprendre, qui s'inquièterait pour toi. Tu pensas alors soudainement que rester pour le reste de tes jours sous ta forme de loup ne serait peut-être pas si mal, après tout. Adieu les ressentiments, la rancœur et la tristesse. L'instinct de la chasse et de la survie prendrait le dessus. C'est alors que tu entendis une branche craquer, derrière toi. Tu te retournas précipitamment. Tu arrivais à peine à y croire. « Mon... Monsieur Graham … » Tu essuyas le sang qui perlait, à un coin de ta bouche, avec le bas de ton pull. « Il faut que vous vous en alliez ! Vous … vous ne pouvez pas rester ici. Je vais … » Tu ne terminas pas ta phrase. Tu espérais qu'il comprenne et te laisse tranquille, quitte à te passer un savon demain matin. Bien entendu, ce ne fût pas ce qui se passa.